Dernièrement, un article du Journal de Montréal titrait : « Hydro-Québec : près de 20 % plus d’employés qu’il y a 4 ans, mais le service à la clientèle se dégrade ».
À la lecture de l’article, on y apprend que c’est plutôt 17,1 % plus d’employés aujourd’hui qu’en 2019 (3329 employés de plus). « Selon Hydro-Québec, le rehaussement de la force de travail depuis 2019-2020 représente principalement des employés affectés à l’amélioration de la qualité du service aux clients ».
Qu’en est-il vraiment? Est-ce que la force de travail affectée à l’amélioration de la qualité du service a été rehaussée?
- En 2010, pour un effectif total de 23 092 employés, ceux de métiers étaient de 5 760;
- En2019, pour un effectif total de 19 477 employés, ceux de métiers étaient de 4 710;
- En 2023, pour un effectif total de 22 806 employés, ceux de métiers étaient de 5 690.
Moins d’employés qu’il y a 13 ans…
À la lumière de ces chiffres, il est clair que les employés de métiers qui construisent, entretiennent et réparent le réseau, ceux-là mêmes qui sont appelés lors de pannes, nous le 1500, ne faisons pas l’objet d’un « rehaussement » d’effectifs.
Se basant sur le rapport de la vérificatrice générale du Québec de décembre 2022, l’article affirme aussi que « cette hausse des effectifs se produit alors que le service à la clientèle, lui, connaît des ratés ». Depuis 2012, la durée moyenne des pannes par client alimenté avait augmenté de 63 %, et le nombre de pannes, de 16 %.
Les chiffres des rapports annuels d’Hydro-Québec et des portraits statistiques de l’effectif de l’entreprise nous montrent une piste d’explications. Alors que le nombre total d’abonnements augmente de façon exponentielle – passant de 4 011 789 en 2010 à 4 356 542 en 2019 et 4 556 092 en 2023, le nombre d’employés de métiers, lui, se maintient relativement stable entre près de 5 000 et 6 000.
Un nombre total d’abonnements augmente, un réseau qui grandit et vieillit, combiné à un nombre d’employés de terrain qui reste stable est la recette parfaite pourla dégradation de la qualité du service aux clients constaté par la vérificatrice générale.
« Le ministre Fitzgibbon demande à Hydro-Québec de réduire ses dépenses de 1 milliard $ afin de contribuer au retour à l’équilibre budgétaire », mentionne également l’article.
Voici pour près de 10G$ de suggestions :
- Plus d’employés terrain pour mieux entretenir le réseau et mieux servir les clients pourrait entraîner une réduction des pannes et éviter de coûteuses réparations (77M$ en 2023);
- Cesser le recours à la sous-traitance coûteuse et inefficace (des dizaines de M$);
- Cesser de recourir à la privatisation de la production d’électricité éolienne (6,09G$) ( https://irec.quebec/actualites/2024/03/les-quebecois-ont-paye-plus-de-6-09-g-pour-prioriser-lenergie-eolienne-privatisee);
- Cesser le financement du réseau gazier au Québec (2G$) (https://www.journaldequebec.com/2022/03/17/hydro-pourrait-devoir-verser-plus-de-deux-milliards-a-energir);
- Cesser de verser des milliards à des firmes-conseils alors que l’expertise interne est disponible (2M$)( https://www.journaldemontreal.com/2024/03/28/reorganisation-interne-hydro-a-verse-2-m-a-mckinsey-et-a-dautres-firmes );
- Cesser les pertes de centaines de millions dans des investissements inutiles dans des entreprises privées (775M$) (https://www.journaldemontreal.com/2024/04/04/innergex-en-chute-libre-mais-les-dirigeants-continuent-dempocher).
Et la liste pourrait continuer…
Sources : Rapports annuels HQ 2010, 2019, 2023 et listes d’anciennetés des employé-es de métiers SCFP-1500
Note : Ces statistiques et listes d’anciennetés sont une photo prise à un moment précis, ce qui explique de légères variations possibles des chiffres.