La mise à jour économique, normalement, consiste en une série de prévisions revues et corrigées pour les mois à venir, accompagnées d’une mise à jour des comptes du gouvernement. Or, avec celle-ci, le gouvernement accélère le rythme pour favoriser encore plus la privatisation.
Le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, y a fait l’annonce de la création de la «Banque de l’infrastructure». Selon plusieurs experts, celle-ci mènera à la cannibalisation et à la privatisation des infrastructures publiques au profit d’investisseurs institutionnels privés. Ces investisseurs exigent un taux de rendement nettement plus élevé que le taux auquel le gouvernement peut emprunter directement. La facture sera plus élevée et la population payera la différence, que ce soit par l’intermédiaire des subventions gouvernementales versées ou de hausses des frais d’utilisation. En faisant financer les projets d’infrastructures par le privé qui s’attend à un taux de rendement de 7 % à 9 %, alors que le fédéral peut emprunter en ce moment à moins de 2 % pendant plus de 30 ans, on quintuplera les frais d’intérêts et de financement de ces projets et on en doublera le coût total. Autrement dit, nous obtiendrions moitié moins pour notre argent collectif.
La privatisation ne fait pas qu’augmenter les coûts, elle accentue aussi les inégalités sociales. Sous l’effet de la privatisation, les frais d’utilisation grimpent, les salaires et les avantages sociaux des travailleurs diminuent et la rémunération des hauts dirigeants augmente. Nous n’avons qu’à penser à Hydro One ou à l’Australie où le prix de l’énergie a augmenté de 40 % par exemple.
Vendre nos infrastructures à des investisseurs privés qui cherchent avant tout à réaliser un maximum de profits et non à rendre des services de qualité au public n’est pas une bonne gestion. Au lieu de favoriser la privatisation et le financement à coût élevé qu’elle entraîne, le ministre Morneau devrait opter pour le financement public à faible coût et la protection du caractère public de nos infrastructures.